Conseil métropolitain du 27 et 28 juin 2024
Intervention de Aurélien Boulé Fournier, Conseiller métropolitain, conseiller municipal de la ville de Nantes.
Seul le prononcé fait foi…
Madame la présidente, cher-e-s collègues,
La mise en place d’un service cadencé sur l’axe Nantes – Saint-Gilles-Croix-de-Vie/Pornic, qui implique une modernisation de cette ligne et s’inscrit dans le cadre du déploiement d’un Service Express Régional Métropolitain, est bien entendu une bonne nouvelle. Nous l’avons vu hier avec l’adoption du Plan Climat – Air-Énergie Territorial, le Transport occupe une place centrale dans les enjeux d’adaptation, notamment pour les ménages modestes, dans notre Métropole et plus globalement en Bretagne et ailleurs en France.
Pour atteindre cet objectif, les partenaires du projet (dont Nantes Métropole) ont travaillé avec SNCF Réseau sur les besoins d’infrastructure et les ajustements de desserte. Les réflexions sur la création -ici- de deux nouvelles stations vont dans le bon sens. Les gares périphériques sont sous-exploitées, alors qu’elles pourraient décongestionner notre gare centrale de “Nantes-Orléans”. Ainsi, la création d’une nouvelle halte à l’aéroport et une autre en option sur l’île de Nantes pourront renforcer l’intermodalité, la décarbonation et la fluidité de nos déplacements.
Le cadencement envisagé est d’1 train toutes les 30 minutes et dans chaque sens sur le tronçon commun Nantes – Sainte-Pazanne et d’1 train sur chaque branche vers l’océan. Or, le projet originel de la SNCF prévoyait une desserte au 1⁄4 d’heure sur 2 branches du SERm. Un projet en deçà ne répondrait pas aux attentes et aux enjeux.
De plus, le conseil régional a reporté de 2 ans l’augmentation de l’offre de 67%, de 2030 à 2032. Comme le mentionne le collectif FER Nantes :”face à une hausse de plus de 40% des voyageurs entre 2019 et 2023, cette augmentation est bien trop tardive pour faire face aux surcharges des trains en heure de pointe, constatées depuis plusieurs années. En outre, cette augmentation concernera essentiellement les heures creuses et les jours de week-end”. La mise en œuvre rapide par la Région d’actions cohérentes avec les besoins est plus que jamais nécessaire.
Sur le financement du SERm, moins de 54 M€ de l’État vont être mis sur la table. Est-ce bien raisonnable ? Cela ne correspond même pas à la moitié de notre budget métropolitain d’investissements Vélo. Pour rappel, le projet routier du complexe de Bellevue sur le périphérique a un coût estimé autour de 130 M€. L’Etat a encore un logiciel beaucoup trop centralisé (des milliards pour le Métro du Grand Paris et des miettes pour les SERm), mais aussi un logiciel beaucoup trop routier (des centaines de millions d’euros rien qu’à Nantes sur le périphérique, et des miettes sur notre SERm). Cette répartition est injuste et ne fait qu’accentuer nos fractures territoriales et notre addiction à la voiture, entretenue perfusion après perfusion. Il est grand temps de changer de logiciel.
Et l’argent existe, de nouvelles recettes sont possibles. Comme par exemple le fléchage de la moitié du taux de TVA actuel sur les billets de train au développement des transports collectifs. Mais aussi la réallocation des dividendes des sociétés d’autoroute aux grands projets d’infrastructures.
Avant de conclure, sur la facilitation de l’accès aux trains, et comme l’a mis en avant le média “Weelz”, les cyclistes qui veulent combiner vélo et train pour leurs déplacements se heurtent désormais à une véritable gageure logistique. La mise en place de la réservation payante des vélos dans les TER, qui pourrait pourtant garantir des places dédiées, est complexe à utiliser. La multiplicité des plateformes rend le processus fastidieux et chronophage. Il y a un véritable besoin d’intégration, et de lien contractuel (comme pour les réservations TGV et Intercités) entre les billets vélo pour les TER et les billets passagers.
Enfin, à l’approche d’échéances politiques cruciales, je tiens à rappeler ici que l’extrême-droite n’intègre dans son programme aucune ambition pour faire face aux difficultés de déplacement des habitants en zone périurbaine ou rurale, et ne fera rien pour promouvoir le service public des transports collectifs. A contrario, et comme le propose le Nouveau Front Populaire, décrétons un moratoire sur les grands projets d’infrastructures autoroutières ; et créons un dispositif de billet unique ouvert aux jeunes (qui permet d’accéder à l’ensemble des trains, transports en commun ainsi qu’aux vélos et voitures en libre service du territoire).
Rendre efficient le droit à la mobilité dans le cadre de la transition écologique : tel est plus que jamais l’un des enjeux majeurs de notre époque, et que nous prenons à bras le corps dans notre Métropole.
Madame la Présidente, Cher-e-s collègues,
Je vous remercie à propos de votre attention.