Arrêt de la cartographie du bruit stratégique de Nantes Métropole et lancement de la révision du plan de prévention du bruit dans l’environnement

Conseil métropolitain du 6 octobre 2023
Intervention de Martine Oger, Membre du bureau de Nantes Métropole, maire de la ville de Thouaré-sur-Loire.
Seul le prononcé fait foi…

Madame la présidente, cher-e-s collègues,

Chaque jour, nous œuvrons en faveur d’une métropole plus écologique, plus solidaire, plus protectrice.

C’est en ce sens, qu’en juin dernier, nous adoptions la Politique Publique de Santé Métropolitaine à l’unanimité. C’est en ce sens qu’aujourd’hui, nous réitérons notre volonté, de mieux prendre en compte les nuisances sonores.

Selon la revue du Haut Conseil de la santé publique, en France, 9,8 millions de personnes seraient affectées par une forte gêne – dont plus de 3 millions par d’importantes perturbations de leur sommeil – liées au bruit des transports tous confondus,

Dans le monde, c’est plus de 460 millions de personnes qui subissent actuellement une perte auditive selon l’Organisation mondiale de la Santé, qui en prévoit 700 millions d’ici à 2050.

Chaque jour, la pollution sonore s’immisce dans notre quotidien. Elle augmente notre niveau de stress, elle perturbe notre sommeil, notre journée. En résulte des risques conséquents sur le système cardio-vasculaire, des troubles cardiaques ischémiques, comme l’infarctus du myocarde.

Près de 1300 personnes souffrent, actuellement, de cardiopathies ischémiques en raison d’une exposition au bruit routier.

Il est donc évident qu’il existe un lien entre le fait de vivre à proximité de zones de circulation routière et une hypertension artérielle.

On peut noter, aussi, qu’un bruit de fond de 60 décibels (soit une conversation normale, notamment à l’intérieur d’un véhicule en mouvement), entraîne au-delà de la perte d’audition, comme d’une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque, des troubles relatifs à la santé mentale. Car, le cerveau a besoin de silence pour se régénérer.

Je fais ici écho à ce qui a pu être dit, en décembre dernier, lors du 1er colloque international « Villes et santé mental » qui s’est déroulé dans notre cité.

Les nuisances sonores aériennes et aéroportuaires, quant à elles, accroissent l’altération du sommeil et crée un sentiment de fatigue au réveil.

En effet, la rotation des avions dans les aéroports, le point fixe en bout de pistes, les décollages, les atterrissages, le survol de zones très souvent densément habitées ne permettent pas un sommeil réparateur général, puisqu’elles peuvent priver les habitants impactés de deux à trois heures de sommeil, chaque jour.

Nous ne sommes pas égaux devant ces nuisances, tout le monde n’affronte pas le bruit de la même manière. Et, Les inégalités sociales existent aussi dans ce domaine, comme elles peuvent influer, aussi, sur nos interactions sociales.

La pollution sonore, parfois moins observée que la pollution atmosphérique, se fait également la complice de l’isolement, génère de troubles psychologiques, voire de la démence qu’on retrouve fréquemment chez certaines personnes.

Des travaux ont également montré que le bruit des avions et du trafic routier affectait les capacités cognitives des enfants, provoquant des retards dans l’apprentissage de la lecture, dans la mémorisation, dans l’attention.

Enfin, je m’interroge fortement à propos des critères et outils d’évaluation des effets nuisibles du bruit dans l’environnement qui ont servi à construire la cartographie qui nous est présentée, aujourd’hui.

Seul-e-s 2 900 habitant-e-s seraient concernée-e-s par le bruit aérien ? Seules 300 personnes, uniquement, subiraient quant à eux, des troubles profonds du sommeil imputables au bruit aérien ?

Je rappelle simplement que la commune de Saint-Aignan-de-grand-Lieu compte 4 033 habitant-e-s.

Madame la présidente, cher-e-s collègues, Ce n’est pas à tort que le rapport Frontières, du Programmes des Nations Unies pour l’Environnement, publié en 2022, identifiait la pollution sonore urbaine comme l’un des trois problèmes menaçant la santé publique mondiale et l’environnement – Les deux autres étant les incendies de forêt et la perturbation du cycle de vie des systèmes naturels.

Le bruit est le deuxième facteur environnemental provoquant le plus de dommages sanitaires, en Europe. Au moins un million d’années de vie en bonne santé seraient perdues chaque année, à cause du bruit lié au trafic, en Europe occidentale.

Le bruit s’est, hélas, installé durablement dans nos vies. Il est aussi une pollution qui participe à l’altération de la biodiversité. Les causes de celui-ci ne permettent pas une politique efficiente de préservation la faune et la flore.

Mais, toute imparfaite que soit cette cartographie du bruit stratégique de la métropole, il nous faut l’arrêter. Car, elle nous permettra réglementairement de commencer un travail autrement plus sérieux, celui de la révision de notre plan de prévention du Bruit dans l’environnement.

Madame la Présidente, cher-e-s collègues, je vous remercie.

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