Session du conseil métropolitain des 26 et 27 juin 2025.
Intervention de Nathalie Leblanc, Membre du bureau de Nantes Métropole, Conseillère municipale de la ville de La Chapelle-sur-Erdre.
Seul le prononcé fait foi…
Madame la présidente, cher-e-s collègues,
La santé est un droit. Et ce droit est aujourd’hui menacé.
En France, près de huit millions de personnes vivent dans ce que l’on appelle un désert médical, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress), placée sous la responsabilité du ministère des solidarités et de la santé, notamment… Et notre territoire n’échappe pas à cette réalité.
Pour mémoire, dans la métropole nantaise, on compte en moyenne cent douze médecins généralistes pour cent mille habitant-e-s, un chiffre inférieur à la moyenne nationale, estimée à cent trente-quatre. Mais, derrière cette moyenne se cachent de fortes disparités. Et, dans plusieurs communes, la densité chute de manière alarmante, notamment dans les quartiers populaires.
De plus, nous savons que la situation est susceptible de se détériorer. En Loire-Atlantique, quatre médecins généralistes sur dix ont plus de soixante ans. D’ici 2030, de nombreux départs à la retraite sont attendus, souvent sans successeur-identifié-e. Ce déficit d’offre de soins de premier recours alimente un renoncement massif aux soins et aggrave les inégalités sociales et territoriales.
Dans ce contexte, Nantes Métropole continue d’assumer pleinement sa responsabilité.
Car, si la santé n’est pas une de nos compétences obligatoires, elle est devenue une attente forte de nos concitoyen-n-e-s. L’offre et la qualité des soins dispensés sont devenues des préoccupations quotidiennes des habitant-e-s de nos vingt-quatre communes.
Pas une semaine ne passe sans qu’un-e maire ou un-e élu-e de quartier ne soit interpellé-e par un habitant-e, inquiet-e de la fermeture d’un cabinet, du départ d’un médecin, ou du délai toujours plus long pour obtenir un rendez-vous.
Nous savons que ces tensions concernent l’ensemble du territoire. A Nantes, la précarité médicale existe, et elle s’étend. Alors que dire des communes plus éloignées, où l’on peine non seulement à faire venir des soignants, mais surtout à les faire rester ?
Quant à L’État, il tarde à répondre aux attentes des habitant-e-s de nos territoires.
Cela fait des années qu’on nous annonce des plans de sauvetage de la médecine de Ville, des dispositifs incitatifs, des promesses de simplification. Pourtant, les moyens restent insuffisants. Les collectivités locales, en bout de chaîne, pallient comme elles peuvent ce désengagement structurel.
Et que dire de la santé mentale, parent pauvre de notre système de santé ?
Le président de la République en avait pourtant fait une priorité nationale pour l’année 2025. Mais, aujourd’hui encore, les centres médico-psychologiques sont débordés, les infirmier-e-s spécialisé-e-s en souffrance, les psychiatres toujours moins nombreux, les psychologues toujours plus précarisé-e-s. Les délais d’accès à un soin psychique adéquat sont devenus inacceptables, et ce tant pour la personne en souffrance que pour la/le thérapeute.
Dans ce contexte, notre devoir est d’agir avec célérité et discernement.
Aujourd’hui, les professionnel-l-e-s de la Santé – médecins généralistes, infirmiers, sage-femmes, kinésithérapeutes – souhaitent exercer autrement. Elles / Ils privilégient le travail en équipe, la coordination, la prévention. Cela suppose des espaces adaptés, du temps dédié à l’organisation, et un accompagnement à la hauteur des enjeux.
Aussi, et pour lever les freins à l’installation, notre majorité de gauche et de progrès propose de mettre en place, dès 2026, un accompagnement concret et s’inscrivant pleinement dans le Contrat Local de Santé métropolitain, adopté en avril dernier.
Celui se traduirait par un accompagnement à la recherche de locaux adaptés, la mise à disposition d’un espace numérique et d’un guide pratique, mais aussi un soutien financier conséquent pour les projets portés par des bailleurs ou des aménageurs, et ce à condition qu’ils accueillent une équipe soignante engagée dans une activité médicale en secteur Un conventionné de l’Assurance maladie, pendant au moins dix ans.
Notre objectif est simple, garantir à chaque habitant-e, à chaque personne travaillant dans la métropole l’accès à un soin de qualité, quel que soit son lieu de vie, quel que soit ses revenus.
Et nous le faisons avec méthode, dans une dynamique partenariale forte, associant l’Agence régionale de Santé, le Centre Hospitalo-Universitaire, les bailleurs, l’Université de Nantes et les acteurs associatifs. Ensemble, nous recréons un maillage cohérent, humain, et pérenne de l’offre de Santé de premiers recours, en faveur de l’ensemble de nos concitoyen-n-e-s.
En agissant ainsi, nous envoyons un message politique clair. Nous refusons la résignation. Nous refusons qu’en 2025, dans une grande métropole française, l’accès aux soins soit un privilège.
Le projet de délibération qui nous est proposé, aujourd’hui, est une première réponse concrète, au plus proche des réalités du quotidien et imaginée, avec celles et ceux qui soignent, celles et ceux qui en ont besoin.
Il nous engagera collectivement, et participera au nouveau contrat social, écologique et démocratique quez notre assemblée propose aux habitant-e-s de la métropole, depuis quelques années déjà.
Madame la Présidente, Cher-e-s collègues,
Je vous remercie à propos de votre attention.