Deuxième vice-président de la métropole nantaise, en charge du tourisme, de l’économie, des équipements culturels métropolitains, de la Loire, du patrimoine et de l’archéologie, et maire de Sainte-Luce-sur-Loire.
À l’aube de la saison estivale, et après la présentation du Voyage à Nantes 2025, nous avons échangé avec Anthony Descloziers à propos des liens entre culture et tourisme dans la métropole nantaise. Un entretien autour d’un sujet essentiel : comment ces deux leviers participent à un développement local durable, raisonné et émancipateur de notre Cité.
Comment la politique culturelle de la métropole dynamise-t-elle l’économie locale via le tourisme ?
La métropole nantaise fait le choix fort de conjuguer culture et tourisme afin de renforcer l’attractivité du territoire, tout en défendant une vision durable et solidaire du développement. Ce pari prend forme à travers deux grands temps forts : Le Voyage à Nantes et Le Voyage en hiver. Devenus emblématiques, ces rendez-vous permettent d’inscrire l’activité touristique dans le tissu local tout au long de l’année, bien au-delà de la seule saison estivale.
L’objectif n’est pas de favoriser un tourisme de masse, mais bien de construire un tourisme raisonné, qui bénéficie aux habitant-e-s, aux commerces de proximité, et à l’économie locale. Cela passe par le soutien à des formes de culture accessibles à toutes et tous : spectacles gratuits dans l’espace public, expositions à ciel ouvert, ou bien événements populaires comme ceux de Royal de Luxe. Des initiatives qui font voyager, mais aussi s’émouvoir, réfléchir…
Éloge du pas de côté –
PHILIPPE RAMETTE
Ce soutien se manifeste également à travers de grands équipements culturels comme Les Machines de l’île, le Musée d’arts, le Château des ducs de Bretagne, ou encore le Parcours Estuaire. Ces lieux, emblématiques, reflètent l’identité créative et décalée d’une métropole qui défend ‘’le Pas de côté” à la nantaise, affirmée et assumée.
Enfin, cette politique culturelle s’inscrit dans une logique de durabilité : elle s’appuie sur les mobilités douces – déambulation piétonne, balade à vélo, voyage en transports en commun – qui mettent en valeur l’espace public comme lieu de création, et invite à découvrir la métropole autrement.
Quel rôle jouent les acteurs économiques locaux dans le développement du tourisme culturel ?
La métropole nantaise peut compter sur un tissu économique et culturel particulièrement dynamique. Plus de neuf mille emplois sont recensés dans les industries culturelles et créatives : compagnies de spectacle, artistes, structures de création, studios ou indépendants. C’est un secteur stratégique, créateur d’emplois non délocalisables, et qui structure durablement l’économie locale.
De plus, il faut le rappeler, chaque euro d’argent public investi dans la culture génère environ six euros de retombées en faveur de notre économie locale. C’est un levier puissant, qui justifie pleinement l’implication métropolitaine aux côtés des vingt-quatre villes, compétentes en matière culturelle. La Métropole intervient pour renforcer cette action par l’investissement dans des équipements structurants : médiathèques, pour développer notre action en faveur de la lecture pour tous ; écoles de musique communales et Conservatoire de Nantes, avec la mise à disposition d’instruments pour favoriser l’éveil musical partout sur le territoire. Car la culture se cultive dès l’enfance, dans les quartiers comme dans les centralités de chacune de nos communes.
Ce réseau s’appuie aussi sur une coopération étroite avec les acteurs économiques locaux. Des lieux comme Stereolux ou l’Agronaute incarnent cette volonté de croiser création artistique, innovation, échange et bifurcation écologique. Ce sont des espaces hybrides, des laboratoires urbains où se rencontrent artistes, citoyen-n-e-s, chercheuses/eurs et entrepreneur-e-s.
C’est aussi tout le sens du projet à venir de la Cité des Imaginaires, un grand équipement culturel au sein d’un bâtiment emblématique des bords de Loire, qui accueillera notamment le musée Jules Verne. Un lieu à la croisée de l’histoire maritime, de la créativité contemporaine et du récit nantais, et qui viendra renforcer la singularité culturelle du territoire.
Dans un contexte où la majorité de droite et Macroniste du Conseil régional des Pays-de-le-Loire a fait le choix regrettable de sabrer ses budgets culturels, en fragilisant ainsi les structures associatives et la diffusion artistique dans les territoires, la métropole nantaise tient une ligne claire. Ici, on soutient les Arts et la Culture. Car ils sont leviers d’émancipation, de justice sociale, et piliers essentiels du nouveau contrat social, écologique et démocratique que notre majorité de gauche et écologiste propose aux habitantes et habitants de la métropole comme des territoires voisins.
Comment la métropole fait-elle du patrimoine un levier de mémoire et de lien entre les habitant-e-s et leur territoire ?
Depuis peu, la métropole exerce une compétence patrimoniale. Elle s’en est saisie avec ambition, en créant un service métropolitain d’archéologie qui mène des fouilles, documente les sites et éclaire notre compréhension commune du passé. Cette volonté prend forme notamment au Chronographe à Rezé, musée d’archéologie urbaine en lien avec la ville antique de Ratiatum.
En dix ans, deux musées seront rénovés – le Musée d’arts et le Muséum d’histoire naturelle dons les travaux de restauration commencera en 2027 – et un nouveau a vu le jour : Le Chronographe, à Rezé. Un autre projet emblématique s’apprête à voir le jour avec le futur Grand musée Jules Verne, consacré à l’un des auteurs les plus traduits au monde, figure littéraire majeure de Nantes. À travers ces lieux, la métropole renforce l’accessibilité à la culture, en la rendant plus vivante.
La métropole porte, aussi, une attention forte au patrimoine populaire de la Loire : les folies nantaises, les cités Castors, les anciennes friches industrielles reconverties… autant de lieux qui témoignent d’une histoire ouvrière, collective, souvent invisibilisée. Ces espaces sont aujourd’hui valorisés dans une dynamique de réappropriation citoyenne, en lien étroit avec les communes et les habitant-e-s.
Cette nouvelle approche s’est construite dans le cadre du Grand Débat “Nantes la Loire et nous”, portée par Nantes Métropole afin de repenser collectivement notre rapport au patrimoine naturel, historique de la Loire. Ce travail a permis d’identifier de nouveaux sites à préserver, mais aussi de faire émerger une conscience collective autour de la Loire et de ses usages.
Enfin, le fleuve et ses affluents restent un fil rouge de l’action culturelle métropolitaine. Des événements comme Débord de Loire (du 20 au 25 mai 2025) ou Les Rendez-vous de l’Erdre (25 au 31 Août 2025) célèbrent chaque année cette mémoire vivante, entre jazz, patrimoine fluvial, biodiversité et transmission.
Un dernier mot en guise de conclusion ?
Cet été, faites le pari de vous laisser porter par l’imaginaire nantais, le fleuve, les rues, les œuvres et les rencontres qui vous attendent. Vous ne le regretterez pas.