3 questions à… Anthony Berthelot

Conseiller métropolitain en charge de la coopération décentralisée et de la solidarité internationale, maire de la ville d’Indre.

Nantes Métropole, aux côtés des vingt-quatre villes qui la composent, mène une politique de coopération internationale construite autour d’actions concrètes et de projets de développement au seul service des populations locales et du progrès social.

De Kindia à Recife, en passant par Grand’Anse ou Dschang, ces engagements incarnent notre engagement au profit de l’Emancipation et s’inscrivent pleinement dans le projet politique porté, depuis 2002, par notre majorité de gauche et écologiste.

Quelle place occupent la coopération décentralisée et la solidarité internationale dans le projet politique de Nantes Métropole ?

Ce sont deux piliers d’une même ambition : agir localement pour répondre à des enjeux globaux. La coopération décentralisée permet à Nantes Métropole de construire des partenariats avec des collectivités du Sud global – Kindia (Guinée), Dschang (Cameroun), Recife (Brésil) ou encore le département de Grand’Anse (Haïti). Ces projets sont co-définis, et en lien direct avec les compétences métropolitaines, telles le Cycle de l’Eau, l’Urbanisme, l’Innovation. Ils s’appuient sur une expertise partagée et valorisent une réciprocité institutionnelle. Il ne s’agit pas d’« aider », mais de bâtir, ensemble, des réponses concrètes à des défis universels.

La solidarité internationale permet, quant à elle, d’intervenir lors de crises humanitaires majeures. Séisme en Turquie, explosion à Beyrouth, guerre à Gaza… La Métropole mobilise alors des fonds en faveur des populations touchées, via des subventions versées à des organisations internationales comme l’UNICEF ou bien des Organisations non gouvernementales reconnues.

Cette action s’inscrit dans une posture politique claire, et ce malgré le recul des financements internationaux –moins 92 % à propos du budget de l’USAID, moins 2 milliards concernant L’Agence française de développement.

Nantes Métropole assume pleinement son rôle de collectivité locale solidaire à l’échelle internationale. Un signal fort, et en cohérence avec une vision humaniste à la nantaise.

Comment cette ambition se traduit-elle concrètement dans les politiques de la Métropole nantaise ?

Elles sont nombreuses et très ancrées dans les réalités de terrain. La plus structurante est le 1 % Eau, un dispositif national qui permet d’affecter une partie des recettes liées à l’Eau à des projets internationaux. À Nantes, ce sont environ 380.000 euros par an qui financent la construction de réseaux d’eau, de latrines ou de stations d’assainissement dans les villes partenaires.

Quand on construit un accès à l’eau dans une école en Guinée, ce sont des jeunes filles qui peuvent enfin aller à l’école. Ce sont ces effets très concrets qui donnent du sens à notre engagement.

Au Cameroun, un partenariat universitaire avec Dschang a permis de lancer une thèse conjointe sur le compostage des déchets. Ces coopérations renforcent également les liens entre établissements d’enseignement, dans une dynamique de partage du Savoir et des connaissances. À Recife, au Brésil, un projet de réaménagement du centre historique – dans un quartier dont la géographie urbaine rappelle celle de l’île de Nantes – se construit en lien avec la Samoa, l’École d’architecture de Nantes ou encore l’ICAM. Ces échanges sont aussi l’occasion d’impliquer les diasporas présentes dans notre cité, en leur donnant toute leur place dans le dialogue avec leurs territoires d’origine.

La Métropole s’appuie également sur sa participation active dans plusieurs réseaux internationaux de villes – CGLU, AIMF, Eurocities – pour porter une vision engagée du développement local : écologique, féministe, culturel. Elle organise des événements comme Place auX mondeS (prochaine édition au printemps 2026), afin de faire vivre ses actions et engagements à l’échelle locale, autour d’expositions, de débats citoyens et de temps forts culturels.

Pourquoi est-il essentiel, aujourd’hui, de défendre une approche humaniste et solidaire de l’action publique, à l’échelle locale comme globale ?

Par conviction. Ces projets incarnent une vision de Gauche et humaniste de l’action publique. Il ne s’agit pas simplement d’exporter un savoir-faire, mais de construire ensemble des réponses justes, durables et adaptées. Ce choix politique est aussi l’expression de valeurs que nous portons à gauche : solidarité concrète, égalité des droits, engagement en faveur des Communs. Ces coopérations sont le prolongement, à l’international, de notre projet métropolitain.

Cette stratégie est aussi une manière d’affirmer que la Métropole peut être un acteur global à part entière, même dans un contexte de retrait de l’État. L’accueil récent de l’Agence française de développement à Nantes ou la reconduction du financement FICOL avec le Brésil illustrent cette reconnaissance. Elle renforce l’influence de Nantes Métropole dans les grands réseaux internationaux et permet à celle-ci d’être reconnue comme un laboratoire de démocratie participative, capable de porter un modèle urbain alternatif et résilient.

Alors que les financements internationaux se raréfient, que les tensions géopolitiques s’exacerbent, ces coopérations permettent aussi de défendre une diplomatie des Villes, fondée sur le dialogue, la paix et le respect mutuel. Une réponse de terrain aux replis identitaires et à l’ensemble des logiques de confrontation qui surgissent de toutes parts.

Nous réaffirmons enfin que le co-développement et l’amitié entre les peuples sont part essentielle du nouveau contrat social, écologique et démocratique que nous proposons à nos concitoyen-e-s de la métropole nantaise.


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